Dépêche n°99650 reproduite avec « l'aimable autorisation de AEF »
Les TIC au service de la qualité de l'école en Afrique subsaharienne: lancement d'un projet de coopération décentralisée au Sénégal
La Maison des enseignants coordonne actuellement un projet destiné à améliorer la qualité de l'enseignement dans les pays du Sud par l'utilisation des outils et contenus numériques. Il sera d'abord mis en œuvre au Sénégal dès la rentrée 2008 pour être ensuite étendu à d'autres pays de la sous-région. Le projet Relia (Ressources en ligne pour institutrices africaines) est prévu sur trois ans, de septembre 2008 à août 2011. Il s'agit de "mettre l'outil numérique au service du partage du savoir enseignant", indique à l'AEF Geneviève Puiségur-Pouchin, chef de projet. Plus que de proposer des contenus et des formations, l'idée de Relia consiste avant tout à "élaborer un modèle collaboratif" pour que les enseignants des pays impliqués se saisissent des méthodes de production de contenus pédagogiques numériques et des processus de mutualisation éprouvés au Nord, dans le respect des spécificités locales.
Relia s'adresse en particulier aux classes de CM, niveau de scolarité très concerné par l'échec scolaire et la sortie des élèves sans qualification. Les ressources porteront sur le français, les mathématiques et les compétences nécessaires à la vie courante, dont l'hygiène, la santé, et l'éducation sexuelle. Le projet doit donner naissance à un "atelier africain de production de ressources pédagogiques numériques libres et mutualisées", prévu à Dakar en octobre 2008. Cette première étape doit aboutir à mettre en place "l'ingénierie de production de ressources numériques documentaires et pédagogiques, adaptées aux curricula locaux, faisant une place aux langues nationales".
DYNAMIQUE COLLABORATIVE
Concrètement, le projet Relia prévoit l'ouverture d'un site web avec une messagerie électronique et sur lequel seront à disposition des ressources documentaires et pédagogiques conçues localement et adaptées aux curricula, "directement utilisables en classe". Cette plate-forme collaborative disposera "d'un espace de dialogue et de construction collective, à la fois entre enseignants français et enseignants africains, et aussi de façon transversale, entre enseignants africains". Des binômes virtuels d'enseignants français et africains permettront ainsi des "dialogues autour des questions professionnelles, pouvant se prolonger par des jumelages des écoles".
Le projet s'inscrit dans le cadre du sommet de la francophonie de Bucarest de 2006 et du symposium de Tunis 2008, "qui ont émis le souhait de voir se développer et se consolider l'usage des TIC dans le secteur de l'éducation des pays en développement, notamment via la promotion du logiciel libre". Il s'agit également de parvenir à "la construction d'un modèle innovant, performant, pérenne, adaptable et transposable d'apprentissage professionnel avec les technologies nouvelles, notamment les environnements numériques de travail, en privilégiant les ressources libres". UN CONTEXTE FAVORABLE AUX TICE
Le choix du Sénégal a été guidé par des considérations très pratiques de faisabilité technologique et politique. Le pays dispose d'une expertise reconnue en matière de TIC, notamment avec l'hébergement de plusieurs plates-formes web à l'université Cheik Anta Diop, et pratiquement tous les établissements du secondaire sont équipés d'une salle informatique connectée à internet. Le projet s'inscrit dans la politique de du FSN (Fonds de solidarité numérique), dont le Sénégal est à l'origine. Les enseignants sénégalais bénéficient aussi de formations aux TIC, ont commencé à développer des contenus numériques, disposent parfois de classes mobiles et des recherches sur l'impact des TIC à l'école ont été conduites.
Dans le cadre de la coopération décentralisée entre le Sénégal et la ville de Besançon, le projet Sénéclic a notamment permis l'équipement multimédia d'une centaine de salles du primaire en 2008. Chaque année, une cinquantaine de salles devraient également être équipées, pour à terme faire bénéficier toutes les écoles sénégalaises de cette opération. Sénéclic comprend un dispositif de jumelage des classes par internet avec des écoles du grand Besançon, que le projet Relia souhaite étendre à d'autres régions francophones. L'utilisation du tableau blanc interactif doit également permettre de relier classes du Nord et du Sud; une première initiative est d'ailleurs en cours avec des lycées franciliens, notamment Camille-Claudel à Pontault-Combault et Delafosse à Dakar. MUTUALISER LES PRODUCTIONS
Les enseignants sénégalais souhaitent maintenant élaborer leurs propres contenus mais ne sont pas équipés pour les partager et les mettre en réseau, constate Geneviève Puiségur-Pouchin. À cet effet, l'association Sésamath (L'AEF n°93626), éditrice des manuels numériques de mathématiques, mettra à disposition du projet son modèle de travail collaboratif et à distance. L'absence de mutualisation entraîne "beaucoup de déperdition de compétences", au moment où le Sénégal poursuit une vaste réforme curriculaire entamée depuis 10 ans et qui prévoit "le passage à d'autres formes d'enseignement, notamment avec de la pédagogie par projets". Cette réforme des cursus scolaires se retrouve d'ailleurs dans d'autres pays subsahariens conformément au processus de Bamako qui vise à définir un modèle commun de recrutement et de formation des enseignants entre 12 pays. Dans un tel contexte, la transférabilité du projet Relia représente donc une condition importante à remplir.
Les partenaires de Relia sont, au Sénégal, la Présidence de la République, la Fastef (Faculté des sciences et technologies de l'éducation et de la formation) de Dakar, l'Adef, Sénéclic, le GEEP (Groupement pour l'étude et l'enseignement de la population), les régions de Dakar, Thiès et Diourbel. En France, Relia compte pour partenaires Sésamath, le CRDP de Paris, le pôle Ressources libres du Scéren-CRDP, l'association EPI, CAP-TIC, Promethean, Profusus, le Comité mondial pour l'éducation et la formation tout au long de la vie, la ville de Besançon et la région Ile-de-France.
Contact : Geneviève Puiségur-Pouchin, Chef de projet, 06 81 63 81 51,
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