Par Degmo Ali Abdi, Chercheur et experte associée au Centre de réflexion « Imagine Africa » fondé par Boutros Boutros Ghali.
Article paru dans Niger Inter
Introduction : " Le conte africain qui appartient au genre narratif en prose relatant une fiction, n’a été reconnu et admis par l’Occident qu’au début du 20ème siècle notamment grâce à l’action culturelle des africanistes et d’écrivains français tels que Blaise Cendras et Raymond Queneau qui ont traduit certains contes africains et les ont fait connaître au public occidental. Leopold Sedar Senghor explique dans la préface aux « Nouveaux contes d’Amadou Koumba », qu’en Afrique «tout conte est l’expression imagée d’une vérité morale, à la fois connaissance du monde et leçon de vie sociale ».
Ainsi, dans la littérature orale où se côtoient dans la savane ou la forêt les hommes et les animaux d’Afrique, rien n’est gratuit, on ne fait pas de « l’art pour l’art» car cette littérature est un enseignement. Et, en tant que parole, elle engage la société. Cette littérature orale ne connaît pas l’expression des sentiments égoïstes et individuels. Elle est le porte parole de la pensée, des valeurs collectives, et ce faisant, remplit des fonctions didactiques, initiatiques et politiques.
Comment le traducteur parvient-il à rendre compte de la subtilité et de la complexité qui se cachent derrière l’apparente transparence des contes?
Et partant, peut- il réellement retransmettre toute la richesse du conte africain sans dénaturer son rythme, sa poésie et son originalité? "