Abuja, Nigéria – 28 avril 2012
La cinquième session ordinaire de la Conférence des ministres de l’Education de l’Union africaine (COMEDAF V), organisée à Abuja au Nigeria du 23 au 27 avril 2012, s’est terminée juste après minuit ce vendredi 27 avril 2012.
Plus de 200 participants et observateurs, comprenant les ministres de l’Education, les responsables politiques, les experts et les journalistes de plus de 50 Etats de l’Union africaine, ainsi que les représentants des partenaires du développement de l’Afrique ont participé à la conférence qui a principalement discuté des progrès accomplis à ce jour dans la mise en œuvre du Plan d’action de la Deuxième décennie pour l’éducation en Afrique et du suivi des décisions prises lors de la dernière conférence organisée à Nairobi au Kenya en 2010.
Des défis considérables subsistent dans la mise en œuvre du Plan d’action de la Deuxième décennie à peine trois ans avant son échéance en 2015. Dans quelle mesure la Commission de l’Union africaine (CUA), ses Etats membres, les Communautés économiques régionales et les partenaires du développement ont-ils mis en œuvre leurs rôles convenus et dans quelle mesure les lignes directrices convenues ont-elles été respectées ? Telles sont certaines des questions qui ont été soulevées. L’un des défis majeurs rencontrés pendant la mise en œuvre est la communication du Plan d’action. Citons également son appropriation par les Etats membres de l’Union africaine, le rôle de promotion du Bureau de la COMEDAF, la durabilité du soutien des partenaires et le financement national des programmes éducatifs. Le rapport Perspectives de l’éducation en Afrique, qui a pris en compte les recommandations de l’évaluation à mi-parcours du Plan d’action de la Deuxième décennie, a remarqué le nombre considérable de leçons à tirer, tout en notant que malgré les progrès importants accomplis dans les domaines prioritaires, il restait encore beaucoup à faire. L’Association des universités africaines (AUA), en collaboration avec l’ADEA, va désormais effectuer le suivi des données continentales de l’éducation, notamment de l’enseignement supérieur. Le Groupe de travail de l’ADEA sur l’Enseignement supérieur a lancé un appel spécifique pour accroître l’implication des universités dans les efforts de développement du continent, y compris le développement des niveaux inférieurs de l’éducation.
Certains progrès ont été rapportés dans le domaine de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP), notamment l’implication de certaines communautés économiques régionales et certains Etats membres de l’Union africaine dans la mise en œuvre d’une stratégie pour revitaliser l’EFTP et de projets pilotes pour le développement des compétences dans les pays en situation de post-conflit. Cela inclut la création de centres des technologies de l’information (TI) et de programmes de formation à la gestion des petites et moyennes entreprises destinées aux jeunes et leurs liens avec l’emploi et l’autonomisation des jeunes. Des défis considérables subsistent dans ce domaine : le manque de ressources africaines, l’appropriation et la faiblesse de la communication et de la coordination des défis. Les jeunes Africains sont actuellement confrontés à d’énormes défis et la CUA va mettre en place un fonds spécial pour appuyer la mise en œuvre des activités d’EFTP sur le continent avec des mécanismes durables de mobilisation des ressources.
L’Université panafricaine nouvellement créée a maintenant quatre principaux partenaires thématiques : l’Allemagne, la Suède, l’Inde et le Japon. Cependant, plusieurs participants ont appelé à assurer la durabilité de l’université qui est un élément fondamental. Le programme de bourses d’études et de mobilité académique Mwalimu Nyerere a également été présenté comme un programme visant à contribuer au développement et à la rétention d’un capital humain de haut niveau, tout en renforçant la mobilité académique intra-africaine. La Commission européenne et le gouvernement indien ont apporté leur soutien à ce programme. La CUA soutient que l’Afrique ne peut pas et ne doit pas dépendre seulement de sources extérieures, car c’est très risqué et non durable. Il a été proposé que les ministres de l’Education appellent leurs chefs d’Etat et de gouvernement à engager des fonds en appui au programme Nyerere. Le Commissaire de l’Union africaine en charge du développement humain, de la science et de la technologie, le Prof. Jean Pierre Ezin, a appelé à instituer des modalités pour que les Etats membres apportent un financement aux initiatives de la CUA, car actuellement, la majorité des financements émanent des partenaires du développement et ils sont insuffisants. Il a aussi demandé que la Banque africaine de développement demande aux pays hôtes respectifs des Instituts de l’Université panafricaine d’engager des fonds en faveur de l’Université.
Deux communautés économiques régionales (CER) ont exposé plusieurs réussites et défis rencontrés pendant la mise en œuvre du Plan d’action de la Deuxième décennie. La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a réalisé des progrès dans l’adoption du Plan d’action et dans l’amélioration de l’accès à l’éducation, mais elle devra soutenir les inscriptions dans l’enseignement supérieur et améliorer ses rapports sur les indicateurs sélectionnés de suivi et d’évaluation de l’Union africaine. Bien que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ait aussi réussi à adopter le Plan d’action, elle devra également renforcer la participation des filles et des femmes dans l’enseignement supérieur qui reste terriblement basse. De plus, l’EFTP devra être déployé pour s’attaquer au développement des compétences et à l’emploi rémunéré, car la population analphabète et déscolarisée est importante. Une question importante évoquée a été la nécessité d’accroître la collaboration interministérielle sur l’éducation et le financement, les jeunes, la science et la technologie.
Une session spéciale sur la Conférence panafricaine sur le perfectionnement des enseignants (PACTED) a abordé les défis permanents auxquels est confronté le développement des enseignants. Le défi de la profession enseignante en Afrique continue de menacer la réalisation des objectifs du Plan d’action de la Deuxième décennie. Il a été convenu de manière générale que les Etats membres doivent donner en particulier la priorité à la formation des enseignants, apporter un financement approprié par des sources novatrices de financement et aussi finaliser le protocole sur la mobilité des enseignants dans le but de revaloriser la fonction enseignante en offrant de meilleures rémunérations et conditions de service.
La présentation de la Banque africaine de développement (BAD) a exposé la politique et la stratégie de la Banque dans l’enseignement supérieur qui repose sur trois piliers :le renforcement des infrastructures, la création de centres d’excellence et la mise en relation de l’enseignement supérieur, la science et la technologie avec les secteurs productifs de l’économie. La BAD travaille actuellement sur une autre stratégie de développement humain qui identifiera les domaines critiques pour un meilleur investissement dans le capital humain dans le cadre de son agenda pour la croissance inclusive. Le Nouveau modèle éducatif de la BAD qui inclut le développement de l’enseignement fondé sur les TIC et la mise en relation de l’enseignement avec le marché du travail a aussi été présenté.
La table ronde des organisations de la société civile (OSC) a porté sur le thème « Bilan de la vision de l’éducation en Afrique et perspectives ». Elle a formulé plusieurs recommandations demandant aux Etats membres de l’UA, aux CER, et à la CUA d’établir des partenariats stratégiques avec les OSC et d’approuver l’EPPE comme priorité ainsi que la matrice des activités et des indicateurs lors du prochain Sommet des chefs d’Etat de l’UA au Malawi en juillet 2012. Ils ont appelé la COMEDAF à approuver l’éducation non formelle et l’alphabétisation comme domaines prioritaires du Plan d’action de la Deuxième décennie et les Etats membres à promouvoir la collaboration intersectorielle et interministérielle. Les OSC ont aussi appelé les Etats membres de l’UA à élaborer des plans pour aborder efficacement la pénurie et les conditions de service des enseignants, et les OSC, les syndicats d’enseignants, les médias et les communautés à s’engager dans le suivi collaboratif, le renforcement des capacités et le plaidoyer en faveur de l’amélioration de la qualité. Ils ont aussi approuvé le point soulevé par la CUA invitant toutes les parties prenantes à populariser le Plan d’action de la Deuxième pour accroître la sensibilisation et promouvoir la liberté de la presse, les droits de l’homme et la démocratie. Des données suffisantes doivent être recueillies et de larges consultations menées pour éclairer le débat visant à savoir si la COMEDAF doit, oui ou non, lancer une 3èmeDécennie de l’éducation à l’expiration de la 2ème Décennie en 2015.
L’UNICEF en collaboration avec le Nigeria, qui préside la COMEDAF, a organisé une session pour consulter et définir une stratégie sur la façon dont l’UNICEF peut appuyer efficacement le Plan d’action alors que le monde avance rapidement vers 2015 et au-delà. Trois Etats membres (Kenya, Mozambique et Nigeria) ont fait des présentations chacun leur tour sur les activités pertinentes du programme mises en œuvre dernièrement avec l’UNICEF. Elles étaient principalement centrées sur les jeunes déscolarisés, l’enseignement primaire et l’Initiative des écoles soucieuses des besoins des enfants et l’égalité entre les genres dans l’éducation.
La ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation du Burkina Faso, Mme Koumba Boly, qui a demandé à la COMEDAF d’inclure l’éducation non formelle et l’alphabétisation comme domaines prioritaires du Plan d’action de la Deuxième décennie, a déclaré : « nous ne pourrons pas atteindre l’Education pour Tous sans l’éducation non formelle. Un très grand nombre d’enfants, de jeunes et d’adultes, en particulier les filles et les femmes des zones rurales, continuent d’être exclus de nos systèmes éducatifs. Il faut leur offrir un enseignement alternatif. C’est à chaque Etat membre de faire ses propres choix. Les ministres de l’Education doivent assumer la direction et décider ici et maintenant à Abuja de prendre des engagements forts en faveur de l’éducation non formelle et de l’alphabétisation au service d’une éducation démocratique et équitable en Afrique » a-t-elle conclu.
Les défis de la mise en œuvre du Plan d’action de la Deuxième décennie sont considérables. « Ces défis sont d’ordre politique, financier et organisationnel. Ils sont liés à la grave pénurie des ressources humaines qui sont tellement essentielles à la réussite de la mise en œuvre de tout plan » a déclaré M. Mohammed Chérif Diarra, coordonnateur du Groupe de travail de l’ADEA sur la Gestion de l’éducation et l’Appui aux politiques. Il a conclu : « Sur le plan politique, l’engagement politique collectif en faveur du Plan d’action n’a pas été fort; sur le plan organisationnel, les mécanismes de coordination du haut vers le bas et du bas vers le haut n’ont pas été très fonctionnels. Le lien avec l’appropriation par les CER et les Etats membres en vue d’une coordination efficace de la mise en œuvre a été assez limité ».
Pour de plus amples informations sur la Commission de l’Union Africaine, veuillez consulter :
www.au.int
Pour de plus amples informations sur l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), veuillez consulter :
www.adeanet.org
Pour de plus amples informations sur le Groupe de travail du COMED, veuillez consulter :
www.adea-comed.org