La recherche en éducation dans le monde, où en sommes-nous ?
Thèmes, méthodologies et politiques de recherche
La vie des associations de recherche reflète et anime l’évolution de celle-ci…L’Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Education (AFIRSE) a pris le relais, en 1990, de l’Association internationale de Pédagogie expérimentale de langue française (AIPELF) fondée en 1954. Ce changement avait sans doute une valeur symbolique mais il avait aussi une visée pratique : l’évolution des axes de recherche dans le cadre des sciences de l’éducation, et, plus généralement, de la recherche sur l’éducation, ne permettait plus de se limiter à l’étude des productions et des méthodes de la “ pédagogie expérimentale. Il fallait élargir le champ des investigations et l’ouvrir. D’où le repérage, la prise en compte, l’analyse et l’animation de l’extension des thèmes et des méthodes de recherche, des épistémologies et des méthodologies et, selon les points de vue, à la source, par contrecoup ou en parallèle, des politiques de recherche en éducation.
A partir de 1990, de nouvelles perspectives s’expriment, développées dans le cadre du colloque fondateur d’Alençon, consacré aux “ nouvelles formes de la recherche en éducation au regard d’une Europe en devenir ”. Le lien entre science et expérience, marqué historiquement et trop limité conceptuellement, perd son exclusivité au profit d’un questionnement sur les dimensions de la scientificité de la recherche en éducation. La pensée théorique, en particulier épistémologique, est devenue une dimension emblématique de l’AFIRSE. Un accent est mis sur la construction et l’utilisation des disciplines et des sciences de l’éducation, et pas seulement sur la production d’enquêtes sur le champ de l’éducation comme phénomène social. La pluralité, l’ambigüité, la contradiction sont des constantes travaillées de l’analyse.
Après plus de vingt ans et de quarante colloques qui, tous, ont marqué la réflexion, le Congrès de juin 2011, portant la question “ La recherche en éducation, où en sommes-nous ? ” permettra une description objective et critique, prospective aussi, de ces évolutions.
Au plan politique et administratif, les autorités administratives des institutions de l’éducation, d’autre part, commencent à découvrir l’intérêt de la recherche en éducation et essayent de préciser et d’orienter des politiques de recherche en éducation. Des services officiels de recherche pédagogique, sans que l’on maîtrise bien leur efficacité et leur durabilité, sont créés dans plusieurs pays –d’autres sont supprimés- et l’on commence, très timidement, à faire appel à l’avis des chercheurs avant de prendre des décisions pédagogiques importantes ; reste à savoir si la référence aux chercheurs ne relève pas d’une fiction, d’un souci démagogique visant à justifier au nom de la science des décisions qui l’ont ignorée. Aussi, quelle peut être la puissance instituante des chercheurs en éducation face aux pouvoirs en place : experts, bouffons de cour, ou producteurs de sens et de connaissance acceptés ?
Sur le plan des méthodes et techniques des recherches scientifiques, l’organisation plus fine de la formation des chercheurs, les acquisitions de nouvelles connaissances en statistiques, les progrès de la technologie et de l’informatique, la meilleure maîtrise des approches qualitatives, permettent des plans expérimentaux et des protocoles précis ; une réflexion critique sur le déroulement des activités de recherche est ainsi rendue possible et, fondatrice mais toujours en mouvement, devient une partie importante de l’activité scientifique. Une question demeure et devra être travaillée : quelles interactions effectives sont possibles entre les différents types d’approche ?
Ce sont tous ces problèmes et ces avancées qui vont être traités à partir d’un bilan des activités de recherche en éducation depuis vingt ans préfacé par une enquête menée avec l’UNESCO, de l’analyse des recherches actuelles et de la mise au clair des prospectives envisageables. L’étude du rôle des politiques, de l’évolution des méthodes et de celle des thèmes sera privilégiée.
Pour ce faire, au cours du Congrès, deux modalités de travail seront principalement mises en œuvre : les réunions plénières, consacrées surtout à des tables rondes et les ateliers.
Après une présentation des résultats de l’enquête réalisée en vue d’établir un état des lieux international sur la recherche en éducation, les tables rondes permettront d’approfondir sous forme de débats, préalablement organisés par leurs animateurs, les questions de l’existence et de la mise en œuvre de nouvelles approches méthodologiques, de l’utilité des notions en matière de recherche - illustrée par la notion de “ compétence ”, de la spécificité éventuelle et de la diffusion de la recherche francophone en éducation, de l’apport de la recherche à la construction du futur et le sens de son utilisation par les politiques et administratifs. La question de l’évaluation de la recherche ne pourra bien sûr pas être ignorée.
Les ateliers, fonctionnant tout au long du Congrès, travailleront, à partir des situations de recherche apportées par les participants - recherches sur les niveaux (par exemple, préscolaire, école de base, secondaire, enseignement supérieur, ), et les types d’enseignement (par exemple, enseignement technique, enseignement scientifique, apprentissage), recherches sur la formation des personnels de l’éducation, recherches sur les rapports entre l’éthique et l’éducation, recherches sur la formation des personnels, en particulier les enseignants, recherches sur les situations et les pratiques d’enseignement, recherches sur la construction des savoirs, recherches sur les pratiques non scolaires d’acquisition de connaissances ou de compétences, recherches sur la gestion et le pilotage de l’enseignement…
Une préparation des ateliers, au cours des mois précédant le Congrès, de la responsabilité de leurs animateurs appuyés par le Conseil scientifique et le comité d’organisation, permettra d’aviver les échanges et l’exploitation des communications présentées en préfaçant le fonctionnement des ateliers par une présentation synthétique et portant problématique de travail des communications qui y seront discutées . Le texte de ces communications – consultables à l’avance, pour les membres déjà inscrits, sur le site du Congrès - et des synthèses d’orientation, sera distribué au début du Congrès.
Ainsi, réuni sur la question ambitieuse de “ la recherche en éducation dans le monde, où en sommes nous ? ”, ce Congrès permettra la confrontation et une meilleure compréhension des différentes pratiques de recherche en éducation, des thèmes qu’elles explorent, des méthodes qu’elles utilisent, des épistémologies qu’elles rencontrent et des politiques qui les colorent. Une confrontation et une meilleure compréhension porteuses de futur.
Le partenariat avec l’UNESCO et la haute qualité des membres de son Conseil scientifique international attestent de l’importance de son ambition et de la possibilité d’y répondre.