Avancées et hésitations
Cahiers africains de recherche en éducation n°7
Sous la coordination de Pierre Fonkoua et Louis Marmoz
A l'heure du bilan de cinquante années d'indépendance des pays africains, ces contributions montrent la timide évolution de la décentralisation de l'éducation, déjà visible à tous les niveaux du système éducatif. Elles présentent les domaines, les expériences, les enjeux, les degrés et le niveau d'efficacité de la décentralisation de l'éducation dans différents pays de l'Afrique subsaharienne, ainsi que ses retombées sur le développement socio-économique et culturel.
La décentralisation de l’éducation avec l’instauration des comités d’école au niveau de l’enseignement primaire et les conseils d’établissement dans le secondaire engage toute la communauté scolaire dans la gestion de l’accès, du processus ou des résultats des produits de l’école, est un signe fort de la démocratisation qui doit participer à l’amélioration de la qualité de l’éducation. Dans ce cas, ce changement de mode de gestion dans les systèmes éducatifs entraîne forcement une redistribution du pouvoir et le renforcement de la participation collective. Il s’agit ici de connaître le niveau de prise de conscience et de degré d’engagement que les pays subsahariens ont vis-à-vis de ce mode de gestion de la société qui va inéluctablement changer notre style de gouvernance.
Ce numéro des Cahiers Africains de Recherche en Education (CARE) présente en partie, les communications du colloque de l’Association Francophone Internationale de Recherche en Education (AFIRSE) tenue en 2008 à Yaoundé Il s’agit de présenter les domaines, les expériences nationales, les enjeux, les degrés possibles et le niveau d’efficacité de la décentralisation de l’éducation.
Au niveau de l’ interprétation des résultats de ce colloque, il se dégage nettement que la décentralisation de l’éducation est théoriquement intégrée dans les discours et les pratiques des communautés malgré la persistance des multiples obstacles et modèles de société fortement centralisée qui freinent les avancées et nourrissent des hésitations. Les conclusions tirées de la recherche de ROCARE, bien que concernant le cas du Cameroun, donnent une image fidèle de ce qui se vit dans les pays subsahariens. Il est claire que les jeux ethno-tribalo-centriques trouvant également une légitimation dans les partis politiques, phagocytent toutes les évolutions possibles de la décentralisation de l’éducation qui est un des sous-systèmes sociaux porteur de développement durable. Tout ceci fait apparaître des résistances qui se trouvent être renforcées par le sentiment dominant « de l’abondant de l’Etat » . La décentralisation de l’éducation prépare les acteurs de la société à l’apprentissage de la responsabilité et à l’exercice de l’autogestion.
Ce numéro des Cahiers Africains de Recherche en Education apporte une connaissance comparée des indicateurs de la décentralisation de l’éducation ainsi que leurs retombées sur les efforts de développement socio-économique et culturel des pays subsahariens. Cette connaissance permettra aux différents acteurs du système éducatif de contribuer à l’amélioration des structures de décentralisation, des formes et des niveaux de décentralisation, gages d’un développement sain et durable. De façon subtile, cette étude démontre que la décentralisation ne rythme pas avec les politiques de la régionalisation, sources de conflits latents entre les peuples qui cohabitent dans les régions et ne peuvent y avoir droit de cité. A l’heure du bilan des cinquante années d’indépendance des pays africains, ces travaux nous montrent la timide évolution de la décentralisation qui est déjà visible à tous les niveaux du système éducatif : représentants locaux de l’Etat, les élus, les communautés locales, les parents d’élèves et les élèves. Aussi, il est urgent que la décentralisation soit encadrée par un Etat fort qui a la capacité, non seulement en matière de pilotage de la qualité de l’éducation, mais de la préservation de l’équité. La décentration comporte des risques de création de disparités entre les régions. L’Etat, garant de la justice sociale, doit veiller à l’équité, prendre les mesures préventives et de remédiation des inégalités observées.
Pierre FONKOUA
Editions l'Harmattan
ISBN : 978-2-296-13232-0 • janvier 2011
Prix éditeur : 24,5 € 23,28 € / 153 FF
NB: Le Pr Fonkoua fait partie de la direction d'Apréli@ Cameroun