Cursus du 29 janvier 2013, Edito de Christine Vaufrey, rédatrice en chef :
Et si nous considérions le web tout entier comme un espace d'apprentissage ? Chacun peut y tracer ses routes, y construire ses réseaux, y bâtir ses bibliothèques. Le tout, d'une manière dynamique, au fil des désirs et besoins d'apprentissage.
Nous procédons déjà de cette manière pour ce qui touche à notre information : nous demandons d'abord à Google avant de solliciter notre entourage ou les livres. Mais collecter de l'information est une chose, apprendre à partir de cette information en est une autre. Le traitement qui mène à la transformation des informations en savoirs réclame un effort soutenu. Le sentiment de n'en avoir jamais terminé peut générer autant de frustration que d'enthousiasme. C'est là que le rôle de l'enseignant s'avère irremplaçable : non plus dans la transmission d'un savoir, mais dans l'aménagement du parcours menant aux savoirs.
Ces savoirs se bâtissent à partir de deux éléments essentiels : les ressources d'une part, les interactions d'autre part. La numérisation facilite considérablement l'accès à des ressources considérées comme rares jusqu'à une époque récente. Mais quand le business s'en mêle, même des ressources du domaine public peuvent devenir inaccessibles. Le combat de l'accès pour tous n'est jamais gagné, malgré des initiatives remarquables qui incitent à l'optimisme.
Je sais faire ceci, je ne sais pas faire cela. Entre les deux, il y a l'espace d'apprentissage, celui que Vytgoski, héros de bien des pédagogues, nomme la zone proximale de développement. Interagir facilite les apprentissages. L'interaction pour être productive doit se faire autour d'un objet commun. La conversation sans objet en revanche peut dangereusement faire dévier l'apprenant de ses objectifs d'apprentissage. Par conséquent, les réseaux sociaux sont tour à tour porteurs d'exaltation et d'ennui. Reconnaitre ses pairs sur un réseau social s'apprend, aussi.
La toile est si vaste qu'elle donne le vertige. Plutôt que de s'épuiser à tout voir, tout comprendre, tout absorber, mieux vaut se bricoler un environnement d'apprentissage personnel accueillant, fait de quelques applications bien maîtrisées, de contacts chaleureux, de contributions attendues de vos pairs et de ressources soigneusement choisies. Cet espace évoluera avec vous et vos projets d'apprentissage. Car une chose est certaine : sur Internet, il y a tout pour apprendre.
Bonnes découvertes,
Christine Vaufrey, rédactrice en chef