Etude de cas 3 : Monsieur Diallo apprend à la dure

Mr Diallo dirige un collège en zone rurale. Il participe une réunion du Comité de Gestion. Il nous fait part de son vécu :

J’appréhendais un peu cette réunion du Comité de Gestion parce que nous devions discuter du PE. Tout le personnel et moi-même étions enthousiasmés par le plan car nous y avions introduit des éléments plutôt innovants. En particulier, nous avions convenu que deux fois par trimestre, nous libérerions les élèves pour organiser une journée interdisciplinaire. Notre intention était de permettre aux élèves d'entreprendre des projets croisant plusieurs disciplines, notamment pour d’importantes questions environnementales et sociales.

La plupart des manuels consacrent des chapitres à ce type de questions et nous avions constaté des recoupements importants entre différentes disciplines. Nous étions convaincus que le fait de traiter ces questions sous les divers angles disciplinaires concernés aiderait les élèves à en avoir une compréhension plus large et approfondie, tout en permettant un gain de temps certain.

Cela devrait également faciliter la mise en œuvre d’e-jumelages éducatifs d’Apréli@ que nous avions décidé de démarrer à la prochaine rentrée avec notre collège partenaire, situé à proximité de la capitale.

Lorsque nous sommes arrivés à cette partie du PE, trois représentants des parents ont exprimé de sérieuses préoccupations et ont soutenu que nous devrions nous concentrer sur les disciplines. Au milieu de la réunion, il m'est venu à l'esprit que deux d'entre eux avaient des enfants dans la classe de Mr Koné. Mr Koné est un enseignant de sciences qui s'était vigoureusement opposé à cette innovation. En repensant à la réunion du personnel, je me suis souvenu que son point de vue avait été décrié par plusieurs fervents partisans du projet et qu’après cela, il ne s’était plus exprimé. Je me suis alors demandé s’il n’avait pas fait part de ses réserves aux parents et s’il n’instrumentalisait pas ceux-ci pour entraver la mise en œuvre du projet.

Ça a été une réunion très difficile et j’ai dû accepter de rédiger un plan détaillant la manière dont se dérouleraient les journées interdisciplinaires afin de prouver au comité qu’elles allaient permettre aux élèves d’apprendre différemment et mieux. J'ai pris la décision de demander à Mr Koné de m'aider à le faire.

Cet incident m'a permis de me rendre compte que les personnes qui se sentent marginalisées et ignorées peuvent se montrer très perturbatrices. J'aurais dû m'assurer que les préoccupations de Mr Koné avaient été prises au sérieux lors de la réunion du personnel, et m’entretenir avec lui juste après pour discuter avec lui de ses réticences et dégager des stratégies pour l’engager dans le projet.