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Le second Forum panafricain sur les RELs et l'Accès Ouvert s'est tenu le 27 mai à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, membre du réseau MAN . A cette occasion, dans le panel WO-MAN , Reli@ a fait l'objet d'une présentation.

FORUM panafricain REL
Mercredi 27 mai 2009
Université Cheikh Anta Diop
Dakar
Sénégal
Panel WOMAN :
Promouvoir une éducation de qualité en Afrique & célébrer le rôle de la femme dans l'application des TIC au développement

Intervention de Geneviève Puiségur-Pouchin
Présidente d'Apréli@
Association pour la promotion des ressources éducatives libres @fricaines
Coordinatrice internationale de Reli@
Ressources éducatives libres pour institutrices/eurs @fricaines/ains.

Je m'exprime ici en tant que coordinatrice de Reli@, dont l'équipe de direction est bien représentée aujourd'hui, avec la présence de Youssou Diop, coordinateur Afrique, Alioune Moustapha Diouf, Inspecteur Général TICE, Mangary Ka, formateur d'inspecteurs à la Faculté des Sciences et Technologies de l'Education et de la Formation, et Malick N'Diaye, chargé des TIC au sein du Pôle de croissance accélérée de l'Etat du Sénégal, ainsi qu'au nom d'Apréli@, en regrettant l'absente de notre chère vice présidente Aïcha Ba Diallo, également vice Présidente du FAWE que d'importantes responsabilités ont retenue à Accra. Le FAWE effectue un travail remarquable sur la question qui nous réunit aujourd'hui et je me réjouis de la présence active et efficace de Marième Dioume, coordinatrice régionale du FAWE, qui nous fait l'honneur d'animer ce panel et dont le point de vue nous sera particulièrement précieux.

En effet, qu'il est long, le chemin vers l'équité entre genre. Des progrès ont certes été accomplis, mais il reste tant à faire !

A ce jour, l'objectif 2005 de parité entre les sexes n'est toujours pas réalisé ! En Afrique subsaharienne, de nombreux freins demeurent pour la scolarisation des filles et leur maintien à l'école : la pauvreté, les préjugés tenaces au sujet des capacités intellectuelles des femmes, les grossesses des adolescentes, le mariage précoce, les échecs en mathématiques et en sciences, ou encore le partage traditionnel des travaux ménagers. Dix-neuf pays d'Afrique subsaharienne ont des taux d'alphabétisation féminins inférieurs à 30 %, face à des taux masculins deux fois plus élevés, et moins de la moitié des filles âgées de 6 à 11 ans fréquentent l'école ; dans la plupart des pays africains, les disparités selon le genre sont accentuées lorsqu'on passe de l'admission à l'achèvement du cycle primaire. Des difficultés subsistent donc au niveau de la rétention, et donc de l'achèvement, la fuite des filles intervenant particulièrement au niveau du cours moyen, où il semble que les familles effectuent des arbitrages, entre l'aide que la petite fille peut apporter au foyer et son maintien dans une école où la qualité de l'enseignement dispensé n'est pas toujours suffisante.

Or, nous savons que l'éducation des filles est la condition première du développement. Dès que le niveau  d'éducation des filles progresse, la misère et les problèmes sanitaires reculent. Inversement, on a établi que la quantité limitée d′opportunités en matière d′éducation et d′emploi pour les femmes réduit la croissance annuelle par habitant de 0,8 %. Sans cette réduction du taux de croissance, les économies africaines auraient doublé au cours des 30 dernières années. Il importe donc d'identifier les freins à la scolarisation des filles et les stratégies qui vont permettre de les lever. Etant donné l'urgence d'accélérer les progrès de l'éducation des filles, parvenir à la parité ne suffira pas, et au-delà, il faut remédier à la répartition inégale des chances dans l'éducation et dans la société en général.

Parmi ces freins, le nombre insuffisant d'enseignantes (45 %), et encore plus d'enseignantes bien formées, pour attirer et retenir les filles à l'école. La corrélation entre la présence d'institutrices et celle des filles est bien établie. En revanche, le manque d'enseignantes a une incidence défavorable sur l'atmosphère dans les classes, et réduit le rôle de modèles et d'incitation pour les filles à poursuivre leurs études que pourraient avoir les enseignantes ; ce manque d'enseignantes renforce également l'association symbolique entre espace scolaire et autorité masculine.

C'est particulièrement le cas au-delà du primaire, où le corps enseignant est fortement masculin, et encore plus dans les disciplines scientifiques, où les femmes demeurent très minoritaires. Par exemple, au Sénégal, dans les collèges et lycées publics du secteur urbain, sur les professeurs de mathématiques, en 2008, les femmes représentent moins de 8%, en Physique-Chimie, 4%, en Sciences et Vie de la Terre , moins de 15 %, et toutes disciplines confondues, moins de 20% ; si on rajoute le secteur rural, la disparité est encore plus marquée. Il est alors bien difficile de convaincre les jeunes files de leur légitimité à poursuivre des études au-delà du primaire, et encore moins des études scientifiques !

En outre, ces enseignantes accèdent moins à la formation professionnelle que leurs collègues hommes : assumant les charges domestiques, elles rencontrent des difficultés pour assister aux formations dans les centres régionaux. Nous savons déjà que, alors qu'il n'y a que 27% de femmes dans les programmes de formation conventionnelles, il y en a 43 % dans les programmes d'études par Formation à distance. Nous devons continuer sur cette lancée et réfléchir aux nouvelles opportunités offertes à la formation des enseignantes par l'accès croissant à l'Internet, par le développement des équipements technologiques dans les écoles, le développement de la téléphonie mobile et la baisse concomitante des coûts, celui de terminaux légers qui permettent d'accéder à des ressources numériques avec ou sans connexion (ballado diffusion) et bientôt de se former en tout temps en tout lieu.

Nous devons toutefois prendre garde à baser toute initiative de formation sur le contexte et les spécificités des apprenantes, et entrer dans la disposition des dispositifs par les besoins, les objectifs, les usages, les ressources et les contraintes du milieu et non par les technologies.

Les médias et supports utilisés doivent être adaptés aux moyens qu'ont les apprenantes de se les procurer et de les utiliser, et les modèles de formation viser à définir des stratégies globales et intégrées, liées à l'exercice professionnel.

En cela, le lieu de travail pourrait devenir un lieu de formation privilégié, auto formation et co-formation au sein de l'équipe pédagogique, dans un environnement pédagogique et technologique « cousu main », dans lequel les enseignantes fassent entendre leur voix, pour que leurs attentes et leurs besoins soient pris en compte.

Sous ce rapport, le Projet Reli@, en partant du Sénégal comme champ d'expérimentation, s'inscrit dans la dynamique de renforcement des initiatives en cours dans le domaine de la formation des enseignant(e)s en Afrique Subsaharienne. Sous-tendu par une logique socio-constructiviste et compensatrice, il privilégie les besoins et les attentes des institutrices et des filles, en s'attachant à favoriser leur participation et leur valorisation. Nous savons en effet qu'une enseignante en situation de réussite professionnelle est un puissant stimulant pour les filles, à la fois comme confirmation de leur propre légitimité à être à l'école et au-delà comme modèle de femme autonome et actrice du développement socio-économique qu'elles pourront aussi devenir par l'école.

Il mettra à disposition des enseignants du primaire, en privilégiant les femmes, des ressources numériques documentaires et pédagogiques[1] contextualisées directement utilisables en classe, conçues sur place par des formateurs de la FASTEF (Faculté des sciences et technologies de l'éducation et de la formation, ex-ENS), des inspecteurs du primaire et des directeurs d'EFI (Ecole de formation des instituteurs) . Ces ressources seront adaptées aux curricula locaux, feront une place aux langues nationales, prendront en compte le genre et veilleront à éviter les stéréotypes, sources de discrimination, qu'ils concernent les femmes ou les hommes ; elles proscriront toute représentation discriminante envers les filles et les femmes, mais bien au contraire s'attacherons à les valoriser en tant qu'êtres humains et actrices primordiales du développement et de l'éradication de la pauvreté. Des ressources qui présenteront aux filles des modèles féminins de réussite qui les motivent pour poursuivre leurs études, femmes médecins, juges, journalistes, chefs d'entreprise, Maires, femmes engagées dans la société civile ou politique; des ressources en Mathématiques où, lorsqu'est posée la question « de Fatou ou de Mamadou, qui a donné la bonne réponse au problème ? », la réponse puisse être « C'est Fatou qui a trouvé ! ».
Les institutrices seront associées à la conception de ces ressources, de même qu'à toutes les activités, de façon participative et interactive, dans des centres multimédias bénéficiant d'un équipement technologique innovant, associant tableau blanc interactif et espace numérique de travail. Elles ont déjà activement participé aux 2 ateliers qui se sont tenus à la FASTEF, l'atelier de lancement en octobre, et l'atelier de formation à l'utilisation du TNI en février, pour lequel elles ont créé des ressources numériques en géométrie.

Le projet créera également un espace numérique collaboratif de dialogue, d'échanges professionnels et de construction collective, à la fois entre enseignants français et enseignants africains, et aussi de façon transversale, entre enseignants africains.

Un axe du projet consiste en la formation de binômes d'instituteurs français/africains, en contact permanent par la messagerie ou l'Internet, pour dialoguer, échanger, construire autour des questions professionnelles. Ces partenariats d'enseignants se prolongeront dans le jumelage des écoles et d'échanges entre les écoliers par Internet (blogs d'écoles, messageries électroniques), en veillant tout particulièrement à favoriser la présence et l'implication des filles.

En effet, il importe d'être très vigilant à mettre en place des dispositifs pédagogiques TICE qui ne soient pas discriminants envers les filles, sinon le risque de créer une nouvelle inégalité de genre est réel. La recherche a établi le caractère genré des sciences et de la technologie, lié aux pratiques et valeurs culturelles. A ce titre, les 1ères évaluations genrées de l'intégration pédagogique des TICE sont inquiétantes. Par exemple, l'étude menée par World Links en 2001 au Sénégal, Mauritanie, Ouganda et Ghana montre que les filles ne bénéficient pas d'un accès équitable aux ordinateurs. La politique « 1er arrivé, 1er servi » les dessert, les garçons étant plus nombreux, et encouragés à s'imposer par le modèle culturel. De plus, les activités informatiques ayant  souvent lieu après la classe, les filles, chargées de responsabilités domestiques, peuvent moins y participer. Des stratégies claires en matière d'égalité des sexes sont absolument nécessaires dans la conception, la mise en œuvre et l'évaluation des dispositifs pédagogiques utilisant les TICE. Cela requiert des statistiques et des indicateurs ventilés par sexe sur l'accès, l'utilisation, le contenu, la représentation dans les prises de décision et l'impact des TICE sur les élèves et les enseignantes. A ce titre, je salue la décision prise par le FAWE (Forum des éducatrices africaines), lors de sa dernière assemblée générale, et celle de Panaf (Agenda  panafricain de recherche sur l'intégration pédagogique des TICE), de systématiser la ventilation sexuée des statistiques, initiatives qui témoignent de la prise de conscience qu'il faut se donner les moyens d'intégrer la dimension genre. Par ailleurs, Panaf effectue un travail pionnier indispensable d'analyse, d'évaluation, d'éclairage et de guide pour la réflexion sur les TICE. De même, je salue la qualité du travail de réflexion et de production de documentation, dont les boîtes à outils, effectué par Bridge (genre et développement) de l'Université de Brighton (www.bridge.ids.ac.uk ), dont le rôle et l'usage des TICE.

De plus, ces institutrices, par le modèle de formation basée sur les TICE et l'environnement innovant (TBI, ENT, Internet) seront des pionnières en la matière, et à même de devenir elles-mêmes des formatrices pour leurs collègues, femmes et hommes, mais aussi des modèles et une incitation pour les filles à se saisir des TICE.

Nous pensons en effet qu'il faut aller au-delà de la logique de compensation, et mettre à profit les TICE, dans le contexte de liberté et de créativité que nous permet notre statut associatif, pour favoriser une accélération du changement, voire un renversement du regard, les femmes se saisissant des nouveaux outils pour acquérir de nouvelles compétences professionnelles et être les vecteurs du changement. C'est l'opportunité des transformer les rôles traditionnellement dévolus à chaque sexe et d'explorer les possibilités de transformation sociale, en mettant les TICE au service de la promotion de l'égalité des sexes.

De même, faire entrer le souci de l'équité entre sexes au sein des TICE ne signifie pas seulement élargir l'accès des femmes au TICE, mais transformer le système des TICE lui-même. La question transversale du genre doit irriguer toute réflexion sur la pédagogie et la technologie ; en particulier, il est nécessaire de privilégier les contenus élaborés par les femmes, qui présentent leurs connaissances et leurs points de vue. C'est également l'opportunité de favoriser l'esprit d'échanges, de coopération et de collaboration, et par là-même de développement humain sur la base de principes partagés, intégrant les droits des femmes et favorisant leur participation à l'enrichissement collectif culturel, social et humain.

Il ne s'agit bien évidemment pas d'exclure les maîtres ni les garçons, mais de favoriser la participation féminine et sa valorisation, pour le plus grand bien collectf. En effet, nous partageons pleinement l'opinion de Koïchiro Matsuura, Directeur général de l'UNESCO, qui a rappelé 8 mars 2008, lors de la  journée internationale de la femme que « Ce qui est un progrès pour les femmes est un progrès pour tous. »

 


[1] sur le français et les mathématiques, les compétences nécessaires à la vie courante, dont l'hygiène, la santé, l'éducation sexuelle.

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